ZFE : un nouveau report qui ressemble à un renoncement

6000 décès prématurés rien qu’en Ile-de-France, sans compter les maladies respiratoires qui
se multiplient, et notamment pour les enfants et les plus fragiles. C’est l’effroyable bilan de la
pollution de l’air, qui tue. Et elle tue d’abord les plus précaires et les plus pauvres. Ce sont eux qui
vivent à proximité des axes autoroutiers, ce sont eux qui sont les plus exposés, ce sont eux dont la
santé pâtit en premier lieu de l’inaction publique.
 
En dépit de ces multiples avertissements, il semble que les décideurs de notre pays
continuent de traîner des pieds et peinent à acter une stratégie d’action claire et volontariste.
Preuve en est, la Zone à Faibles Emissions (ZFE) dont le déploiement finira peut-être par n’être que
prophétie ésotérique si le brouillard autour du calendrier et de ses échéances n’est pas rapidement
dissipé.

Revenons sur cette histoire si éclairante quant à l’attentisme généralisé de nos institutions et de ceux
qui les pilotent face au changement climatique.
Le 12 novembre 2018, les représentant.e.s des 131 communes siégeant au Conseil métropolitain
adoptaient une délibération actant le déploiement progressif de la ZFE sur l’ensemble du territoire.
Un calendrier ambitieux, à la hauteur de l’urgence environnementale à laquelle nous sommes
exposés, et conforté par la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) de 2019 et la loi Climat et
Résilience de 2021, y avait été alors associé. 
Après un tel plébiscite, d’aucuns auraient pu croire qu’allait s’en suivre une mobilisation
acharnée de l’ensemble des acteurs territoriaux, tous échelons confondus, avec l’appui de l’Etat, afin
que puisse aboutir cette belle aspiration… Et il n’en fallait pas moins, car pour que la mise en œuvre
de la ZFE puisse réellement être significative d’avancée pour l’ensemble de la population, c’est tout
un ensemble de dispositifs d’accompagnement financier des ménages et d’outils de contrôle du
respect de la réglementation qui devra être appareillé. Aujourd’hui, le désengagement et
l’immobilisme de l’Etat créent une double-peine pour les plus modestes : économique d’abord avec
un niveau de reste-à-charge à l’achat encore bien trop élevé, sanitaire ensuite car en l’absence de
mesures de rééquilibrage territorial fortes, les territoires les plus populaires restent les plus exposés
à la pollution de l’air. Sans compter l’attentisme des industriels, qui n’ont pris que tardivement la
transition énergétique de la motorisation de leur gamme. 
L’élan des premiers jours aura été de courte durée. En janvier dernier, le Président de la
Métropole nous apprenait que l’Etat l’ayant laissé seul face au destin de la ZFE, l’interdiction à la
circulation des véhicules légers de catégorie Crit’air 3 dont l’échéance était initialement prévue pour
juillet 2022 devrait être repoussée. Cette décision est un terrible renoncement, qui s’ajoute aux
graves manquements du gouvernement sur la question des pollutions de l’air et de santé publique.
Depuis, les habitant.e.s, professionnel.le.s et élu.e.s du bassin métropolitain restent sans
informations précises quant aux nouvelles échéances fixées, faisant craindre que l’objectif d’abandon
du diesel en 2024 soit définitivement ajourné et laissant toute une communauté d’acteurs sans
visibilité aucune sur le calendrier qui leur sera imposé pour assurer la transition de leur flotte
automobile.

Face à cette situation critique, nous, élu.e.s écologistes avons décidé de renforcer notre
mobilisation et alertons sur le caractère historique des décisions qui seront prises quant à l’avenir de
la ZFE. Si nous ne réussissons pas à prendre des mesures radicales dans des délais rapides, c’est
toutes nos chances de relever le défis de la maîtrise du dérèglement climatique et de la qualité de
l’air qui risquent d’être réduites à néant. 
A l’occasion du Conseil métropolitain du 1 er juillet 2022, les élu.e.s du groupe écologiste,
social et citoyen de la Métropole du Grand Paris ont présenté un amendement appelant à la
publication d’un calendrier clair, réaffirmant l’objectif de sortie du diesel en 2024.

Dans les territoires, militant.e.s et élu.e.s restent aux côtés des habitant.e.s et
professionnel.le.s, afin de faire entendre jusqu’aux plus hauts niveaux leurs attentes et interrogations
autour de la ZFE.
Notre résilience face au changement climatique ne pourra se construire que collectivement,
dans la solidarité, et après avoir pris la pleine mesure des enjeux auxquels nous sommes exposés.
Renforcement de la qualité et du maillage du réseau d’infrastructures des transports en commun,
développement et simplification du système d’aides à l’achat de véhicules propres afin d’éviter le
non recours, investissement massifs dans la recherche autour des nouveaux modes de mobilités,
voilà tout autant d’attendus aujourd’hui adressés à nos représentants, notamment nationaux et
régionaux. Nous dénonçons le recul de la Métropole du Grand Paris tout comme le désengagement
de l’Etat. Nous avons besoin de moyens immédiats pour aider les plus modestes à acquérir des
véhicules adaptés ou à bénéficier d’une offre de transports en commun et d’alternatives de qualité.
Face à la crise sanitaire que constituent ces pollutions, c’est un véritable plan de relance sur la qualité
de l’air dont nous avons un impérieux besoin ! 

Premiers signataires :

  • Anne de Rugy, Sylvain Raifaud, co-présidents du groupe écologiste, social et citoyen de la
    Métropole du Grand Paris
  • David Belliard, Adjoint à la maire de Paris en charge de la transformation de l’espace
    public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie et Conseiller
    Métropolitain
  • Julien Bayou, Député, coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale et
    conseiller régional
  • Charlotte Nenner, Conseillère régionale
  • Jean-Baptiste Pegeon, Conseiller régional et administrateur de Ile-de-France Mobilité
  • Daniel Breuiller, Sénateur du Val-de-Marne
    La suite de la liste des signataires sera communiquée d’ici la fin de journée

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